Commençons par une information qui risque de vous surprendre : la roue aurait été inventée aux alentours de 3500 / 3000 av. JC, quelque part en Mésopotamie (l’Irak actuel). Vous avez bien lu, la route remonte à l’aube de la civilisation, et on la doit (vraisemblablement) aux Sumériens. Mais il faut comprendre que la roue « originelle » n’a pas grand-chose à voir avec celle que l’on connaît aujourd’hui, bien que le principe reste le même. A l’époque, ce n’était pas plus qu’un disque de bois percé pour mettre un axe de rotation. Ce n’est qu’aux alentours de 2000 av. JC que le disque sera évidé pour rendre la roue plus légère. Cet article aurait presque sa place dans notre rubrique “technologie” mais étant donné que la roue a complètement révolutionné nos sociétés, il nous a semblé plus judicieux de traiter son invention comme un sujet de société. Bonne lecture !
Aux origines de la roue : qui a inventé la roue et quand ?
L’histoire de la roue est celle d’une épopée archéologique aux mille et un mystères, permettez-nous l’expression. Découvertes à travers l’Europe et le Proche-Orient à la fin du Néolithique, les empreintes de roues, leur représentation ou même des vestiges matériels nous laissent songeurs sur leur origine précise, tant leur apparition est disséminée un peu partout sur ces continents. Cela dit, les historiens ont longtemps mis l’invention de la roue au crédit de Sumer, en Basse Mésopotamie, vers Ive millénaire av. JC. C’est là, en effet, qu’un tour de potier avait été attesté. Mais des découvertes plus récentes viendront contredire cette hypothèse : le pot de Bronocice, trouvé en Pologne en 1974, porte en effet la représentation d’un chariot à quatre roues, daté d’environ 3500 ans av. JC, remettant en cause l’origine sumérienne de la roue.
Plus intrigant encore, des vestiges de chariots à roues datant du début du IIIe millénaire av. JC ont été découverts en Europe orientale, dans les kourganes des premiers peuples indo-européens de la culture de Yamna. Par ailleurs, des jouets et autres indices témoignent d’une connaissance de la roue dans la culture de Cucuteni-Trypillia en Ukraine dès la première moitié du IVe millénaire av. JC, bien avant Sumer. Mais le coup de grâce à la théorie sumérienne a été porté par la découverte de véritables roues de véhicules en bois en Europe centrale datant de la fin du IVe millénaire av. JC. La plus ancienne roue en bois, montée sur un axe et datée précisément, a été découverte en 2002 dans un marais près de Ljubljana en Slovénie. Datée au radiocarbone de 3340-3030 av. JC pour la roue et de 3360-3045 av. JC pour l’axe, elle témoigne d’une technologie déjà maîtrisée en Europe centrale à cette époque.
La diffusion de la roue en Amérique précolombienne et en Afrique subsaharienne reste également un sujet de débat parmi les chercheurs, même si des objets en terre cuite représentant des roues et des axes ont été trouvés en territoire Maya. Techniquement, les premières roues étaient pleines et faites de bois, souvent constituées de trois ou quatre pièces assemblées. C’est vers 2000 ans av. JC que des roues à rayons et à jantes, plus légères et plus stables, ont fait leur apparition et ont été massivement utilisées par les romains par exemple ce qui a pu expliquer leur suprématie sur les civilisation grecques (voir notre article sur les découvertes faites en Grèce). Cette innovation technologique a probablement contribué à l’expansion des langues indo-iraniennes en Asie du Sud depuis la steppe d’Eurasie centrale, mais s’est aussi rapidement diffusée à d’autres peuples, changeant à jamais la face du monde.
Pourquoi l’homme a inventé la roue ?
Pourquoi l’homme a-t-il inventé la roue ? Cette question, probablement aussi ancienne que la civilisation elle-même, trouve réponse dans notre quête incessante d’innovation et de progrès. La roue, cet emblème de l’ingéniosité humaine, est au cœur de notre histoire, transformant profondément notre relation avec le monde et la façon dont nous nous déplaçons.
La réponse est donc évidente : l’homme a inventé la roue pour faciliter le transport terrestre de charges lourdes sur de grandes distances, allégeant ainsi les contraintes physiques du déplacement, et réduisant les forces de frottement, ce qui a ouvert la voie de l’exploration et de l’expansion. Des chariots rustiques aux trains d’atterrissage des avions ultramodernes, la roue est omniprésente…
De l’avis de Jean Jacques Topalian, l’invention de la roue a apporté bien plus que des améliorations dans le domaine des transports. En effet, la roue a aussi révolutionné l’agriculture et l’artisanat : grâce à la traction animale, les agriculteurs ont pu labourer des champs plus vastes et plus efficacement. Les systèmes d’irrigation ont permis de nourrir des populations croissantes, ouvrant la voie à l’urbanisation et à la civilisation telle que nous la connaissons aujourd’hui. Par ailleurs, dans l’artisanat, la force centrifuge de la roue a été mise à profit dans les moulins, permettant de moudre les grains, de presser les olives pour en extraire l’huile, ou encore de tailler la pierre. Cette mécanisation a libéré l’homme d’une grande partie du travail manuel, lui permettant de se consacrer à des activités plus créatives et intellectuelles.
Evolutions de la roue
Nous vous le disions, les premières roues dont on retrace l’existence n’ont pas grand-chose à voir avec les roues que nous connaissons actuellement. En effet, les premiers « modèles » (si tant est qu’on puisse les appeler ainsi) étaient fabriqués en bois, à partir de troncs d’arbre, et taillés en orme de disques à faces parallèles. Ces roues étaient ensuite fixées aux deux extrémités d’un axe, par le biais de coins en bois. Ce n’est que par la suite qu’on commencera à fabriquer des roues plus légères, à quatre rayons, puis de six, et enfin de huit.
Aujourd’hui, on note une énième évolution de la roue : un ensemble roue à moyeu décentré, que l’on doit à l’inventeur français Jean-Jacques Topalian. Il s’agit là d’une évolution ingénieuse de la roue, car elle permet, comme son nom le laisse clairement entendre, d’avoir un moyeu décentré pour monter ou descendre un essieu à volonté. C’est notamment très utile pour les robots en terrain accidenté ou lorsqu’il faut se « faufiler » sous des passages restreints.
Qui est l’inventeur de la roue libre ?
On doit la roue libre à un industriel allemand, M. Sachs. C’est en effet lui qui l’a inventé en 1898, ce qui a libéré les cyclistes de l’obligation de pédaler en continu, notamment dans les descentes. Le dérailleur, pour sa part, a été inventé en 1908 en France, par Paul de Vivie.